EGLISE AU CŒUR DU MONDE - Les quatre articles de ce numéro s'interrogent sur l’Église : qu’est-ce qui fait son identité, de quoi, de qui une communauté chrétienne est-elle composée, quelle est sa place dans la société, comment articuler identité spécifique et dialogue interreligieux ?
Christine Nicolet van Binsbergen sonde le texte d’Esaïe 4,2-6, dont elle fait une lecture optimiste et dynamisante : non, le « reste » n’est pas synonyme de reliquat, il peut aussi être un germe d’où la vie jaillira à nouveau. Des lieux de vie existent déjà où le germe commence à pousser ; à nous de le faire fructifier, en prenant le risque, parfois, d’abandonner l’ancien, sans repli nostalgique sur un passé que l’on considère comme l’âge d’or de nos communautés souvent vieillissantes et numériquement réduites.
En arpentant Zacharie 2,5-9, Pierre Marguerat nous invite à ne pas nous replier frileusement derrière les murs de nos certitudes qui nous donnent un illusoire sentiment de sécurité. Nos Églises vivent de la présence protectrice de leur Seigneur ; c’est lui qui, tel un rempart invisible, nous permet d’aller au-devant d’autrui, de l’accueillir, tout en gardant intacte l’identité de chacun. À l’heure où, autour de la Ville Sainte, s’érige une muraille qui enferme plus qu’elle ne protège, la lecture de Pierre Marguerat éclaire d’une étonnante actualité le slogan « Jérusalem, ville ouverte » !
L’aspect universel de l’offre du salut dans le discours de Pierre en Actes 10,34-48 est mis en évidence par Martin Hoegger ; Pierre a cependant dû faire un long chemin intérieur, guidé par l’Esprit, avant de se rendre compte que « l’autre » ne constitue pas une menace pour sa foi mais, au contraire, une formidable chance d’enrichissement mutuel. Une voie existe qui permet d’articuler dialogue et témoignage.
Grâce à Kristin Rossier Buri, qui lit Romains 16,1-23, nous découvrons que la liste de salutations de cette fin d’épître est riche d’enseignements : la communauté de Rome est plurielle, composée d’hommes et de femmes, de juifs et de païens, d’esclaves et d’hommes libres, aux responsabilités et charismes divers. Le ciment qui soude cette Église apparemment disparate est l'appartenance « en Christ ». Dans nos communautés hétérogènes à plus d’un titre, il est aussi possible de vivre des relations de qualité, pour peu que nous les placions « en Christ » et que nous agissions « en Christ ».
Voilà de quoi nous donner du tonus, de l’énergie, de la volonté pour oser affirmer notre identité tout en restant ouverts : l’Église dans la vie comme dans la ville !
Pour le comité : Emmanuelle STEFFEK. |
| Texte | Titre | Auteur(s) |
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Ésaïe 4,2-6 |
Un reste ou un germe ? |
Christine Nicolet van Binsbergen |
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Zacharie 2,5-9 |
Accueillir la présence, renoncer aux murs, penser la frontière |
Pierre Marguerat |
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Actes 10,34-48 |
Une conversion à la fraternité universelle |
Martin Hoegger |
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Romains 16,1-23 |
Bonnes salutations ! |
Kristin Rossier-Buri |
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