DE LA LASSITUDE AU COURAGE, PRÊCHER EN TEMPS DE MANQUE.
Dans l’épreuve qu’est pour chacun, mais à l’échelle de la terre entière, l’épidémie de Covid 19, des théologiennes, pasteure de paroisse, aumôniers, responsable de formation, ont désiré réfléchir ensemble. Divers penseurs, philosophes en particulier et psychanalystes, ont écrit dans cette actualité qui nous inquiète et nous transforme. Qu’ont à dire les prédicateurs de la Parole de Dieu ? Comment lire les textes anciens de nos Bibles à l’impact de notre souci, de notre espérance aussi, pour le monde de demain qui peut-être commence ?
La tonalité que Florence Blondon nous fait entendre dans les paroles de Dieu à Josué à l’heure du passage au pays promis est un encouragement au mode impératif ! Nul besoin d’être un héros, mais savoir servir sans s’asservir. Elle en répercute la résonance dans la crise sanitaire qui nous affecte aujourd’hui.
Christine Renouard lit et écoute le cri d’un psaume, aussi dense que sobre dans son expression poétique. Elle montre avec subtilité comment la plainte permet le cri sans rompre le lien. Sous la plainte, dans son insistance même, elle nous fait percevoir la lueur d’espérance qui peut briller dans le regard.
C’est la façon dont nos SENS sont affectés et notre rapport à eux éprouvé qui a interpellé les deux autres auteures - le toucher en effet brusquement interdit, le regard dont l’expressivité s’intensifie quand la bouche, les lèvres disparaissent sous le masque, la voix et sa vérité… La densité poétique de l’évangile johannique
s’offre bien à cette exploration. Ottilie Bonnema, portée par son vécu en milieu où le handicap prive de parole, nous met à l’écoute de la voix, en son souffle, ses intonations : une voix capable
d’ouvrir des portes là même où la parole ne passe pas. La prédication réclame alors une créativité singulière.
Natacha Cros-Ancey se penche sur le « moi aussi » de Thomas qui n’était pas avec les disciples quand le Ressuscité leur apparut et qui revendique de toucher, d’un doigt intrusif même. Elle nous donne à penser le rôle et la forme que peuvent prendre les sens dans la vie de l’Église.
Pour le comité, Corina Combet-Galland
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